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Chère Maïté-Hedda
ma fille,
Les mots accrochés
les uns aux autres formeront tout à l'heure
A la fin du petit voyage une lettre qui te sera adressée La première portant ma griffe ainsi que ton prénom. Tu entres dans ton quatrième mois d'existence à l'air libre Ton treizième après ta conception Et ton Xème après le BIG-BANG. Au moment où se noircit ma feuille, tu dors dans ta chambre Ta maman à tes côtés qui surveille, guette, épie le silence Même quand elle dort pour ta plus grande tranquillité. Ta maman qui t'aime plus que tout au monde Plus que sa vie,
plus qu'il n'est possible de se l'imaginer
Et c'est d'elle
dont je vais te parler maintenant
Je voudrais que
tu la vois
Quand ton premier
soupir à peine perceptible
Flotte de pièce
en pièce, suivant les courants-d'air
S'esquivant aux
angles des portes
Froissant les
rideaux et rentrant dans notre chambre.
Je voudrais que
tu la sentes comme je la sens
Immédiatement
nerveuse, se réveillant de gestes lents
Et volontaires
et décollant sa peau de la mienne
Pour ouvrir le
lit en diagonal et basculer sur le côté
Attirée
comme par un commandement lointain et instinctif
Sorti des profondeurs
du temps.
Je voudrais que
tu la vois de profil quand elle te regarde
Sortant de son
sourire quelques fossettes
Et une forte impression
de sagesse.
Je voudrais que
tu la vois ?
Mais avant de
poursuivre
permets moi d'effacer
ma gêne
Car au fond tout
ça tu le sais peut-être déjà,
Aussi m'adresserais-je
à une personne neutre.
Transparente,
attentive et patiente : le Temps.
Monsieur le temps,
Maïté-Hedda
est ma fille,
Elle est l'une
l'autre est sa mère.
L'une qui fut
la rondeur de l'autre,
L'autre qui donna
à manger de son corps à l'une,
L'une pour qui
une caresse de l'autre
Est comme pour
un vieillard une promesse d'éternité.
L'une fixant un
objet lumineux tout en couleurs
L'autre le happant
aussitôt du regard.
L'une goûtant
les saveurs de la vie ,
Des êtres
et des choses si fraîchement apparus à ses sens,
L'autre se soûlant
de ses découvertes.
Ah ! Monsieur
le temps,
Si elles apparaissaient
à vos yeux comme,
Elles apparaissent
aux miens,
Il vous viendrait
certainement l'envie de vous asseoir
Chez nous dans
la chambre ou la cuisine
Et de vous laissez
bercer longuement par le fabuleux spectacle
D'une mère
et de son bébé.
Jusqu'à
ce que vous ne vouliez pas repartir
Sans leur avoir
offert une grande part des richesses de ce monde
Et beaucoup de
votre personne.
Voilà ce
que j'avais à te dire, chère Maïté-Hedda
ma fille
En ce jour du
mois de février ,
Ton quatrième
mois d'existence après ta naissance,
Ton treizième
après ta conception
Et ton Xème
avant le BANG-BIG
Qui n'est qu'une
réplique exacte mais
Opposée
de l'autre antérieurement cité
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